• Je ne suis pas très tranquillle, nous avons laissé les ânesses en liberté dans le camion. Avec leur handicap, j'ai peur qu'elles se couchent et pourquoi pas se marchent dessus. Toutes les cinq minutes, je regarde par le hublot de la cabine, kilomètre après kilomètre, c'est le regard de Julie qui me fixe pendant six heures de route. Est-ce la lumière qui la rassure, ou regarde-t-elle vraiment la route? Je lui parle du trajet, nous ne prennons pas la direction de l'Italie.

     

     


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  • Le chargement se passe sans encombre. Les ânesses qui ont bien dû mal à se déplacer finissent par monter sur le pont. Ce qu'il y a de pratique avec des animaux ainsi handicapés, c'est qu'on ne risque pas de courir des heures après! Le camion paillé et empli de foin à l'air de présenter un intérêt certain. La grande brune est descendue la première, la petite grise la suit rapidement. On remonte le pont, je mets mon cadenas. A présent, personne ne peut les faire redescendre.

    Le marchand me tend les papiers, je suis pressée de repartir. Elle s'appelle Julie.

     


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  • La porte arrière de la bétaillère s'ouvre. C'est ça, la viande sous un pelage galeux? Il y a de la merde par terre. Il n'y a que de la merde par terre. Les sabots sont d'informes excroissances et les aplombs sont complètement déformés. Je ne m'attendais pas à ce que ce fut à ce point, en même temps peut-être que si. Dans quelques minutes, je vais acheter ce que l'homme avait décidé de faire de ces bêtes, des saucissons sur pattes. Le marchand me dit que ce n'est pas de sa faute si ces animaux sont dans cet état -là. Evidemment que ce n'est pas de sa faute, il les a seulement depuis quelques semaines. Un état pareil représente sans doute plusieurs années de non entretien. Je n'aime pas l'humanité qui maltraite les bêtes. Le respect de l'homme passe par le respect des animaux, quoi que certains en pensent, pour moi, c'est une certitude. Elle est nulle l'humanité, voilà ce que je pense à cet instant. Quatre yeux brillants nous observent.


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  • Je n'ai pas très bien dormi, il est 8h. Le chalet du camping était très humide. Huit heures, encore quatre heures à attendre pour acheter les deux ânesses. 400 km, c'est la distance que nous avons parcourue hier pour aller chercher deux bêtes chez un maquignon dans un hameau perdu dans le centre de la France. Deux ânesses dont je ne connais rien, ni l'histoire ni l'état, sauf que j'imagine. Je n'ai envie de rien, sauf que le temps passe vite, comme il passe d'habitude. 9h30, il faut partir, il reste moins d'une cinquantaine de kilomètres. Des anesses comme celles-là, il y en a
     sans doute plusieurs  à quelques kilomètres de chez moi... Pourquoi elles? je n'arrête pas de me poser la question.


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