On choisit pas grand chose dans la vie, c'est certain, mais on a au moins en parti le choix de sa famille intellectuelle.

Boris, c'est ma jeunesse. C'est des mots, des réflexions et tout à coup une ouverture incroyable sur la compréhension du monde animal.  Boris, c'est de ceux dont on lit les livres qui nous offrent cette douce impression de paraître un peu plus intelligent.

Boris, c'est une valeur sûre, une référence. Boris, c'est celui qui discute avec les goélands sur les plages marseillaises. Boris, c'est le pouvoir de faire face à ceux qui critiquent une empathie, soit disant déplacée, envers les animaux. Quand on a une quinzaine d'année, c'est important.

Boris, c'est rassurant, parce que justement il donne du sens à une révolte due à l'incompréhension du sadisme de certains envers les bêtes.

Boris, c'est un peu tout ça à la fois et plus encore.

Aussi, l'autre jour, quand je suis tombée sur ça :

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 je suis tombée des nues.

Trois minutes, est-ce si grave? Comment expliquer qu'une petite interview de rien m'attrise profondemment? 

J'ai tenté de réfléchir, et j'ai compris que je ne pouvais pas concevoir que Boris ne dénonce pas ouvertement la corrida comme une barbarie totalement inconcevable au XXIème siècle. J'ai compris que, de sa part, je n'attendais pas d'explications vaseuses sur ce pourquoi l'homme a créé ces activités sadiques et les continue encore aujourd'hui. Parce que tout ça, je m'en fous complètement. A travers ses livres, iL nous a appris à observer le monde animal et à y voir des êtres sensibles. Alors cette petite interview, c'est juste un coup de poignard.

Aujourd'hui, je suis orpheline. Mes ânesses aussi.

"Le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans language existe chez les animaux, nous mourons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. " Boris Cyrulnik